Rencontre avec Lubeck Burtor

15 Oct 2017

13, 14 et 15 octobre 2017

DISCOURS

Exposé présenté par le président Bastian Färber le 14 octobre 2017 sur le cimetière militaire

Le Linge

Voici des paroles formulées sur un cimetière militaire par Joachim Gauck, Président de la République fédérale, le 3 août 2014 lors d’une rencontre avec le président de la République Française François Hollande, rencontre tenue en raison du centenaire de l’éclatement de la Grande Guerre :

  • « Ce fut ici que l’Europe s’est trahi elle-même et qu’elle s’est laissée engendrer aveuglément dans une catastrophe intellectuelle et morale ».

Dans sa reconnaissance de l’Europe le Président de la République Fédérale a mis en exergue la réalité en formulant:

  • « Certes, l’Europe est un problème difficile mais les générations avant nous, à savoir tous ceux qui reposent ici, auraient bien voulu faire face à ces difficultés »

Également les paroles formulées par le Président Hollande à l’occasion de cette rencontre méritent d’être retenues car il demandait que la réconciliation franco-allemande serve comme modèle pour mettre fin aux conflits belliqueux qui se déroulent actuellement à L’Est de l’Europe et au Moyen Orient.

MÉMORIAL LE LINGE – 14.10.2017
Horst FRANKENBERGER

Chers Présidents, chers amis,

permettez-moi comme aîné du groupe de Lübeck quelques mots personnels: En 1956 fut ma première visite à Strasbourg en Alsace. Deux souvenirs sont restés dans ma mémoire :

1. La signification des deux cavaliers qui se font face juste au pied de la rosace de la Cathédrale de Strasbourg :

  • à droite Rodolphe de Habsbourg (1218 – 1291), premier Habsbourg à régner sur l’Empire germanique, qui a rendu à Strasbourg sa liberté
  • à gauche, Louis XIV (1638 – 1715), le Roi-Soleil, qui a rattachée Strasbourg à la France

2. Le monument aux morts de Strasbourg à la place de la République :

Ce monument représente une femme tenant sur ses genoux deux hommes morts – ne portant plus d’uniformes pour les distinguer, l’un pour la France, l’autre pour l’Allemagne. Ils se sont combattus et devant la mort enfin ils se rapprochent, ils se donnent la main.
Ma première visite au Mémorial Le LINGE fut en 1959 ensemble avec un étudiant alsacien. Il m’a raconté l’histoire de ses deux grands-pères. Pour lui la Première Guerre mondiale était une guerre civile, une guerre durant laquelle ses deux grands-pères ont défendu leur pays. L’un a combattu pour l’armée impériale, l’autre pour l’armée française. Quel drame pour beaucoup de familles en Alsace.

Permettez-moi de citer Tomi UNGERER, un peintre, dessinateur, illustrateur, auteur et Alsacien, né en 1931 à Strasbourg: « L’Alsace fut longtemps une île entre les océans gaulois et teutonique. Après un passé turbulent et entortillé entre deux voisins voraces, se disputant la possession de cette terre bien grasse, la voilà aujourd’hui devenue tête de pont entre France et Allemagne, donc clé de voûte de l’Europe. … Aujourd’hui, le Rhin n’est pas une frontière, c’est l’artère principale d’une Europe charriant les richesses et la culture1. »

Aujourd’hui nous nous sommes rassemblés à un endroit historique ou presque 20 000 soldats de nos deux pays ont trouvé la mort. À cet endroit sont aussi les racines de l’arbre nommé Europe. C’est notre tâche de cultiver cet arbre et cette idée pour que les contrastes d’hier se transforment en liens étroits entre nos pays – un de nos devoirs pour aider les jeunes de ne pas oublier le passé.

1 Tomi UNGERER: L’Alsace côté coeur – Éditions La Nuée Bleue, DNA Strasbourg, 2004

La bataille du Linge oppose du 20 juillet au 16 octobre 1915, l’Armée française à l’Armée allemande durant la Première Guerre mondiale.

Elle a pour cadre le massif du Linge qui se situe sur les communes de Hohrod, Soultzeren et Orbey dans le département du Haut-Rhin, séparant la vallée d’ORBEY de celle de MUNSTER.

Cette bataille s’inscrit dans une série de combats dans les Vosges déclenchés par l’Armée française afin d’obtenir des positions dominantes pour une attaque future dans la plaine d’Alsace.

Ces combats et notamment la bataille du Linge sont particulièrement meurtriers pour des gains territoriaux minimes.

Le Linge est une montagne recouverte pour partie de nombreux bois ou bosquets et de parois rocheuses escarpées. Les Allemands sont présents sur ce site depuis plusieurs mois. Ils l’ont aménagé en renforçant les défenses naturelles par l’ajout de blockhaus à intervalles réguliers pour y positionner de l’artillerie ou de mitrailleuses et par plusieurs lignes de tranchées. Ils installent également de nombreux réseaux de fils de fer barbelés, certains sont masqués dans les bosquets ou les couloirs rocheux. Ces différents aménagements en font une position défensive très forte.

Bataille et affrontements

La bataille du Linge débute le 20 juillet 1915 et s’achève le 16 octobre 1915.

À l’issue des assauts français menés par la 3e brigade de chasseurs et la 129e division d’infanterie, la crête n’a pu être conservée malgré quelques gains de terrain. En effet, dès le mois d’août 1915, de violentes contre-attaques allemandes ont rejeté les Français dans les contre-pentes. À partir du mois de septembre 1915, après de violentes attaques des troupes impériales menées avec le concours de lance-flamme et de gaz, le secteur entre dans un calme relatif.

Au mois d’octobre 1915, les dernières tentatives des Allemands se soldent par la stabilisation de la ligne de front sur ce massif jusqu’à la fin de la guerre.

Dès lors, les deux camps vont largement s’employer à fortifier le massif. Une partie de ces vestiges, n’existant pour la plupart pas au moment de la bataille, sont encore visibles sur le site aujourd’hui.

Plus de 17 000 pertes dont 10 000 Français.

Situé près d’Orbey, le musée mémorial du Linge rassemble tous les objets français et allemands qui ont été retrouvés sur place (armes, munitions, objets personnels et reliques).

Cimetière Nécropole nationale française du Wettstein

Située à 10 km d’Orbey, la Nécropole française du Wettstein d’une superficie de 9 902 m2 est créée au col du Wettstein à une altitude de 877m.

L’entrée par un portail encadré de piliers de grès rose ornés d’un glaive et d’un rameau d’olivier. Ses 2171 sépultures s’alignent de part et d’autre de l’allée centrale dessinant une croix avec les allées latérales.

A son extrémité se dresse la croix commémorative (1939), haute de 13m, en granit des Vosges, dressée au lieu et place du calvaire en bois élevé par les combattants. Au pied de la croix, on peut remarquer une petite croix de bois. Un petit écriteau indique qu’elle « a été confectionnée avec les débris de la croix primitive érigée à cet emplacement par les combattants du Linge en avril 1915. A la base du monument, une sculpture en bronze représente un chasseur alpin agonisant et lâchant son fusil, œuvre de l’artiste Victor Antoine. L’imposante croix arbore le mot « PAX ». Ceci nous rappelle que le calvaire est le monument emblématique des cimetières des chasseurs alpins.

Devant lui, se trouvent les deux ossuaires où reposent 720  et 568 corps français.

Sur leurs parois sont apposées des plaques commémoratives, initiative des familles.

Un oratoire au parement de grès rose à bossages et son autel de grès se trouve dans l’enceinte du cimetière, à la limite de la lisière de la forêt, autre tradition des cimetières des chasseurs.

 

Les violents combats qui ont lieu sur cette portion du front d’à peine 2 km, totalisent 17 000 pertes (tués, blessés, disparus) françaises et allemandes âgées souvent de 20 ans en moyenne. Créé en 1915, par l’armée française, pendant les combats au niveau d’un campement, en retrait de la ligne de front, le lieu est utilisé essentiellement comme un cimetière provisoire.

. Il devient cimetière de regroupement pour les corps exhumés du champ de bataille, et des cimetières militaires provisoires ou groupements de tombes ou tombes isolées, éparpillées dans le secteur et il devient Nécropole nationale.

Ce cimetière est vivant, il accueille régulièrement les dépouilles des soldats exhumés sur le champ de bataille au fil du temps.

Tous les ans, se tient la cérémonie du Souvenir, le deuxième dimanche du mois d’août.

Cimetière militaire allemand de Hohrod-Bärenstall

Une partie seulement de ces soldats morts au Linge sont inhumés dans le cimetière du Bärenstall pour les Allemands.

Dominant toute la Vallée d’Orbey, le cimetière allemand du Linge est localisé au lieu – dit du Bärenstall, un carrefour le long de la route des crêtes, après le collet du Linge en direction de Labaroche.

Sous son couvert forestier, il regroupe les sépultures de 2 460 soldats allemands dont1518 victimes inhumées dans des tombes individuelles comportant une croix en fonte, 40 sont inconnues.

Il comporte également un ossuaire monumental encadré de deux colonnes massives en blocs de poudingue où reposent 942 morts dont 516 inconnus.

Devant son entrée, on peut remarquer un blockhaus datant probablement de 1917 et non loin de là, un monument commémoratif bavarois.

La convention conclue entre la France et l’Allemagne du 19 juillet 1966, a permis la création du « Cercle des amis des participants au camp de Hohrod », pour l’entretien des nécropoles, ou chaque année jeunes allemands et français viennent participer à l’ entretien des nécropoles.

Un symbole de réconciliation entre les deux pays. Cette démarche illustre la volonté de réconciliation à travers son slogan de « Réconciliation par-dessus les tombes ».